Madame la Marquise de Maintenon
C'est le 24 novembre 1635 que naquit Françoise d'Aubigné dans la
conciergerie de la prison de Niort. Son père, Constant d'Aubigné
seigneur d'Aubigny et de Surimeau était le fils du célèbre
poète calviniste Agrippa d'Aubigné. Emprisonné pour
s'être essayé à la fabrication de fausses monnaies, sa femme
Jeanne de Cardilhac, restée à ses côtés, mettait au
monde la petite fille qui devait un jour devenir l'épouse morganatique du
Roi Soleil.
Enlevée de ses parents, Madame de Neuillant qui l'avait recueillit
décida de marier Françoise. Le choix se porta sur un certain Paul
Scarron. Cet homme né en 1610 d'un parlementaire Parisien et d'une fille
de magistrat, était un poète pittoresque et de grande
renommée. Hélas, c'était ses seules qualités car il
était non seulement trop vieux pour la jeune fille (25 ans d'écart)
mais il était aussi atteint d'une terrible forme de rhumatisme
déformant qui attaque les vertèbres. Malgré son handicap,
Scarron était très apprécié et « tenait salon
» chez lui. On y retrouvait d'illustres personnes tels des hommes de
lettre comme Benserade ou Marigny, des seigneurs comme Gabriel de Rochechouart
Duc de Mortemar, prince de Tonnay-Charente, premier gentilhomme de la chambre du
roi, le marquis de Villarceaux, grand Louvetier de Louis XIV; on y retrouvait
aussi de grandes dames comme la marquise de Sévigné, Madame de La
Fayette ou Ninon de Lanclos (Anne, ou Ninon de Lenclos, née le 10 novembre 1620,
mourut le 17 octobre 1705, à quatre-vingt-cinq ans. Elle resta tout au long de
la vie de madame de Maintenon, sa meilleur amie) . Le salon ne désemplissait
pas et de nombreux hommes étaient attirés par les beaux yeux de la
maîtresse de maison, notamment les Maréchaux d'Aumont et d'Albret.
L'état de Scarron empira vers 1660. Il rendit son dernier soupir la
même année. Laissant une jeune veuve de 25 ans, endettée et
ne pouvant régler toute les créances, Madame Scarron se retira au
couvent des Hospitalières.
Par la grâce de ses amis et admirateurs elle obtint une pension de la
reine mère Anne d'Autriche. Ce qui lui permit de quitter le couvent et de
s'installer dans un logement situé dans le Marais à Paris. C'est
lors d'une soirée chez les d'Albret qu'elle rencontra pour la
première fois Madame de Montespan à laquelle elle décida de
lier son destin. Sa véritable relation avec le roi débute en 1675,
d'ailleurs Louis XIV écrit dans son journal "Il y a quelques
jours, un gentilhomme de gris vêtu, peut-être un prince errant
incognito entreprit durant la nuit une nymphe égarée dans le parc
de Saint-Germain. Il savoit le nom de cette nymphe & qu'elle étoit
belle, bonne, pleine d'esprit mais sage. La nymphe cependant se laissa faire et
ne lui refusa aucune faveur. Cette nymphe ressemblait à s'y
méprendre à Mme Sc. ; et je crois deviner qui étoit le
prince vêtu de gris. Ce prince est comme moi, il déteste les femmes
légères, il honnit les prudes, il aime les sages."
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